Liminaire :
L’expérience esthétique comme déterminant de la trajectoire humaine.
Ouverture sur l’approche scientifique de l’infiniment petit.
Elle conduit à s’interroger en philosophie sur le rapport entre l’existant et le réel.
Retour à l’expérience esthétique. Les livres récents de Silvain Tesson “avec les fées“ et Michel Leven Quyen “le cerveau et la nature “ nous y incitent.
Introduction
Jusqu’alors nous nous sommes concentrés sur un événement temporel précis repérable par chacun, par un senti, auquel la qualification d’esthétique peut être appliquée dans un temps plus ou moins court.
L’événement précède la qualification. L’événement est un état transitoire repérable, en particulier par son coté stimulant incitant à la disponibilité réceptive. Dans cette discontinuité peut apparaître en paradoxe : un niveau de globalité intemporelle avec une remise en question des limites spatiales.(un autre type de discontinuité peut être situé en symétrie, celui de l’état d’effondrement psychique bien décrit par Winnicott, et qui projette cette fois dans un vide abyssal.) Pourtant dans l’après coup une reconstitution s’opère qui puise dans le ressenti, pour réinstaller un système de repérage dans le mouvement, par spécification des espaces et des temps.
Si nous ne pouvons nous rencontrer que dans cet après, lorsque les distinctions sont rétablies, nous pouvons tenter par le langage de comprendre ce qui s’est produit, et essayer de surprendre, de se préparer à observer depuis notre position ce qui pourrait bien apparaître sur ce que nous qualifions d’autre, autre terrain autre espace, des aspects repérables.
Cette observation passe par nos sens, nous y sommes réduits, même si de nombreux d’appareils (du microscope à l’oscilloscope) vont diversifier les champs du recueil d’informations. C’est par la confrontation de nos constructions conceptuelles d’hypothèses avec ce qu’elles peuvent rencontrer dans l’élaboration de nos observations que nous procéderons. La démarche est le plus souvent à prédominance logique.
Le plan de repérage fondé sur la notion d’énergie que nous avions envisagé précédemment, s’inscrit dans une histoire. Freud a été le premier à proposer une métapsychologie qui a l’originalité d’inclure les notions d’énergie.
A son époque, ses références sur le thème puisaient dans une sorte de mécanique cinétique (force vive de la pulsion). Dans mon propos je m’aventurais vers la mécanique vibratoire et ondulatoire, voire l’électromagnétique, et je terminais bien que l’aventure soit assez limitée à quelques aspects en m’interrogeant sur ce que pourrait ouvrir un autre abord celui de la mécanique quantique.
Dans cette direction il fallait rapidement déchanter puisque les physiciens par exemple (Rovelli ) soulignaient un phénomène de décohérence(les lois énoncés ne s’appliquent plus ) lorsque les systèmes concernés sont complexes, ce qui est le cas de ce qui se passe dans le cerveau par exemple. D’un autre coté Penrose soutient l’hypothèse que la mécanique quantique doit jouer un rôle essentiel dans la compréhension des phénomènes mentaux, (P 31) que le cerveau pourrait se comporter comme un ordinateur quantique. Hypothèse séduisante mais dont l’approche se heurte à la compréhension même de ce qu’est un ordinateur quantique.
Pourtant en investiguant un peu la situation à partir de ce que nous avons pu repérer, il est possible d’atteindre des niveaux de plus en plus intime et figurer des niveaux d’approche de plus en plus infime. Ainsi à propos de l’expérience esthétique la vision, si elle ne se révèle pas de présence indispensable lors de l’expérience esthétique, nous pouvons avancer qu’elle y contribue parfois (par exemple dans la contemplation d’une œuvre) . Ainsi nous prendrons cette porte d’entrée comme chemin privilégié dans l’approche que nous voulons réaliser.
Nous verrons comment petit à petit nos schémas seront remis en question jusqu’à l’interrogation sur nos concepts de base.
Nous gardons dans cette exploration le fait que l’humain, son corps inter-agit sur des plans d échelles très différentes, allant vers l’infiniment petit les bactéries les virus , jusqu’au plan moléculaire (les gaz par exemple), voir corpusculaires : la lumière.
Son niveau d’organisation le plus élevé inter-agit en intervenant à une certaine échelle métrique, et c’est le développement de capacités spécifiquement humaines qui lui a permis d’étendre son champ d’action dans les deux directions opposées grandeur et petitesse.
Si bien qu’il est important de souligner en abordant notre étude le propos de Baumgarten (1988) que : « Le système visuel construit pour nous une réalité visuelle qui correspond à nos interactions avec le monde physique. » Plan qualifié de mésoscopique. Propos que nous pouvons compléter par ce propos de D Fisette dans son livre sur philosophie de l’esprit: « Le psychique est indissociable de l’agir dans notre commerce quotidien avec autrui et avec le monde. »
Abordons la vision.
A ) Premier angle : le discours commun
L’œil capte par la lumière, les images du monde que le cerveau interprète afin de guider nos pas, notre réaction, notre action. Comment cela se fait-il ?
L’homme a aussi des images dans la tête parfois lorsqu’il dort. Est-ce la première perception qui qualifie l’image? Cette perception qui ressemble à ce qui a été vu, mais qui cependant n’est plus. D’autre part elle n’est pas pendant l’éveil au profit d’une autre plus actuelle à moins qu’un souvenir de ce qui n’est plus revienne par la mémoire. Je propose l’hypothèse que c’est à partir de l’image du rêve que la perception optique prend le statut de potentiel d’image.
A partir de là, il est possible de considérer le rapport voir et image.
Le premier effet d’optique: l’ombre, elle donne une image particulière, double déformé, transformé, détaché, différent de la chose vue. C’était probablement la plus répandue.
Ce qui s’apparente à une image : la trace, n’est pas forcément visuelle,(existe-t-il des images olfactives?) l’empreinte elle, n’utilise pas forcément la lumière, elle peut se réaliser par pression mécanique, mais elle s’apprécie le plus souvent par la vision(existe -il des images tactiles?). Elle donne une image de ce qui est absent, c’est dire de ce qui a été présent mobilisant ainsi l’effet des mémoires d’images.
Nous voyons dès à présent que la capacité perceptive, discriminative et mémorielle du cerveau intervient pour produire ce que nous appelons une image.
L’image peut survenir par un autre effet optique : le reflet au sein de l’eau. Quel rôle lui revient-il lorsque l’homme n’est pas présent ?
L’homme paraît s’y être beaucoup intéressé, au point de la localiser dans les miroirs qu’il a perfectionné sans cesse commençant par du bronze poli vers le miroir à proprement parlé, au mercure ,en argent ,etc
L’homme a ensuite fixé matérialisé l’image par lui même: le contour de l’ombre, comme premier dessin, la plaque de gélatine, la photo argentique comme numérique. les lois de la physique, de l’optique, y précèdent les lois de la chimie de l’électro-magnétisme que l’on peut aussi qualifier d’effet d’empreinte pour la révélation de l’image.
En biologie ce n’est pas du tout si simple pour cette reconstitution que va entreprendre le cerveau. Pourtant il semble qu’il se débrouille pas mal, en effet la comparaison de sa perception de la chose, de l’image de la chose par empreinte, et celle que lui propose son cerveau donne une impression de cohérence.
Le travail du cerveau est avant tout de préparer la perception pour qu’elle soit génératrice de la poursuite des l’interrelations dans l’environnement. Il ne s’agit pas de construire un simple album mémorisé consultable à l’occasion. La dimension informations circulantes apparaît.
Il arrive cependant que certaines personnes puissent évoquer une pensée faite de collections d’images susceptibles d’être consultées à souhait selon les circonstances d’interrogation, c’est le cas dans l’étude des personnes à la mémoire exceptionnelle , comme aussi celui de certains autiste comme Temple Grandin.
B ) Deuxième approche le neurologue anatomiste en particulier au XIX, il s’est amélioré avec le microscope :
Il y a l’œil avec sa forme sa mobilité ses humeurs son cristallin sa rétine. Dans l’évolution le capteur de lumière a des cheminements de configuration différents selon les espèces. En ce qui nous concerne , les cellules photosensibles de la rétine 120 millions sont disposées sous une couche de neurones, comme si le montage avait été fait à l’envers, mais de cette façon elles sont nourries donc se reconstituent par l’intermédiaire de la couche pigmentaire. Si bien que les neurones doivent traverser un moment l’écran pour sortir de l’œil, à cet endroit il n’y a pas de récepteurs, c’est la tâche aveugle. Par opposé dans l’axe de l’œil se situe les récepteurs les plus précis et les plus sélectifs aux longueurs d’ondes, et les plus sensibles et constituent la fauvéa.
Par comparaison, dans un appareil photo argentique, la couche réceptrice d’argent est uniforme, dans un appareil numérique les récepteurs au silicium sont uniformément répartis sur l’écran et pour les couleurs un filtre sélectif à damier précède.
Le bout du cerveau dans la rétine va se prolonger par le nerf (1 million de câbles), comme les yeux sont deux on constate que les fibres de chacun des yeux s’entrecroisent pour parties et se dirigent vers chacun des hémisphères du cerveau de façon symétrique pour aboutir dans la partie postérieure occipitale de part et d’autre d’une scissure. A partir de là tout apparaît confus il y a bien une périphérie très reliée, mais après le dédale est trop complexe.
Tout cela donnant une image qu’il est possible d’évoquer. Le prototype est l’image du miroir, elle ressemble à l’original, et celle que nous voyons permet de comparer et de se faire l’idée que nous aussi nous avons dans notre cerveau une image comme le miroir à une image dans son épaisseur, logique non ? Pourtant déjà le cheminement et l’observation des perturbations causées par la lésion de ces fibres montrent que des deux yeux, les deux cerveaux se répartissent l’image par moitié, chaque hémisphère est spécifique d’un champ latéral, pour aboutir cependant à un tout qui paraît une seule image. Ainsi notons que si nous supprimons un oeil, là où ils sont placés cela nous permet toujours d’aller droit devant, il y a une superposition pour le centre. Je me demande comment feraient les poissons?
Nous découvrirons aussi le cerveau est capable de mettre au point tout seul la qualité de son image entrante pour la situer dans de bonnes conditions de lecture sur la rétine.
Nous découvrirons aussi que la lumière à directement aussi beaucoup d’autres effets sur nous, en particulier sur nos horloges biologiques, et notre humeur.
C ) Troisième approche le neurologue physiologiste, lui aussi s’est beaucoup amélioré, son recueil de l’activité électrique des différentes parties s’est précisé et il a complété par des études métaboliques. Il pose une première série de questions sur la constitution des images dans des flux continus
Lionnel Naccache en viendra ainsi à citer Michael Herzog p44 :
“ Le premier temps inconscient de la perception procéderait de manière quasi continue, tandis que l’échantillonnage discret des attributs de la perception surviendrait plus tardivement au moment de la prise de conscience. 13 fois par seconde une image parvient à la conscience. Naccache ajoute que c’est notre esprit conscient l’inventeur du mouvement possible qui relierait deux images successives P33
Il crée ( en particulier l’aire V5) de toutes pièce les images manquantes . Il donne ainsi l’exemple d’une variation de couleur que le cerveau situe sur un milieu de trajet. Remarquons au passage ce choix de couleur sachant que sa perception est objective et subjective à la fois (qualia est une autre désignation), ce qui nous met bien dans le territoire de notre conscience.
Sa constitution nécessite une attention, et la construction ne porte pas seulement sur la temporalité, elle porte aussi sur l’espace. Notre cerveau reconstitue une image à partir des données de la rétine, le centre voyant les couleurs, la périphérie les formes en noir et gris, lorsqu’elle n’est pas aveugle (tache aveugle). De plus deux yeux, si bien que le cerveau peut produire une image complète en 3d colorisée dans son ensemble. L’interprétation qu’il donne de l’image projetée sur la rétine, s’accompagne aussi de l’effacement des distorsions visuelles dues aux reflets de la rétine et aux mouvements des yeux. Enfin cette construction se fonde aussi sur une connaissance intuitive. Ce dernier point est très important nous le détaillerons.
On s’aperçoit ici que l’image mentale est le fruit d’une construction cérébrale, de plus celle- ci est en quelque sorte un des plans repères de notre mobilité consciente, parfois même le plan directeur à l’action.
Ainsi lors du développement, si d’abord le regard suit la main, avec la maturation, c’est la main qui suit le regard. Les animaux doués de vue utilisent la perception oculaire pour améliorer leur trajectoire vers les objectifs.
Cette image est mobilisable par l’évocation. L’observation montre que l’animal est capable de cette évocation, le chat par exemple lorsqu’il prépare son saut de capture d’une souris sur son trajet habituel.
L’évocation à partir d’une stimulation verbale montre le cas particulier de certaines personnes qui n’ont pas cette possibilité de penser avec des images (aphantasie congénitale ou acquise) est particulier, puisqu’elle n’ont pas à coté de difficultés de mobilité.
Se retrouve ici la distinction kantienne du noumène (la chose en soi) et du phénomène qui correspond à l’expérience que nous pouvons en avoir, conscience phénoménale encore désignée par le vocable explanandum.
Rappelons au passage les similitudes et une certaine cohérence avec le rendu de l’image perçue d’un miroir qui est une image physique.
La conscience
Cependant il est des informations qui s’impriment sur notre rétine et qui ne sont pas pour autant intégrées à notre film. Pour Naccache la conscience c’est ce qui permet d’accéder subjectivement à cette expérience et de se la rapporter sous une forme immédiate qui peut être ou non suivie d’autres opérations cognitives. Il existe une mémoire iconique inconsciente qui persiste plusieurs dixièmes de secondes pour l’examen par la conscience. Naccache envisage aussi la conscience comme discrète avec une fréquence d’apparition à 2ou 3 par seconde. Nous voyons là le début de ce qui sera source de bien des questionnement dans le futur sur l’opérativité en particulier subjective de la perception “d’image“ dont nous n’avons pas conscience, par exemple certaines apparitions rapides.
Naccache envisage le fonctionnement cérébral par systèmes modulaires hiérarchisés, le système de la vision en est un avec des rapports soit vers et depuis des systèmes d’ordres supérieurs (abstractions formelles), soit encore vers la mémoire, vers l’imagination. La conscience est conçue comme déclenchement d’un réseau global d’interconnexions vastes.
L’expérience d’un ici et maintenant repose sur une mise en sens. Dans notre abord mise en sens est ce qui permet de se diriger, Naccache insiste beaucoup sur la dimension croyance comme résultat. Parmi les observations dégagées, il y a ce corps situé dans le monde et par où arrive les impressions, subjectivité constante qui s’identifie à son tour, et se localise de là où il voit.
Image consciente et conscience de l’image comme telle, cette “réflexion “est la particularité humaine
Enfin pour terminer ce niveau je me permets d’ajouter que si la vision sert la mobilité, chez l’homme il est une particularité c’est que sa mobilité peut être mise en entier au service de sa vision pour la produire activement, ainsi le peintre apprend-t-il une motricité qui lui permet de produire au plus prêt de son image mentale ,qui elle même peut se focaliser au plus prêt d’un mimétisme perceptif . Ainsi l’homme peut considérer l’image mentale pour une action particulière de production, mais aussi introduire un jeu de fluctuation pour configurer ses activités motrices. Le peintre pourra devenir impressionniste ou cubiste, le photographe jouera avec la lumière, L’architecte bâtira de nouveaux plans pour de nouvelles formes nouvelles images. L’homme opère sur l’image par l’image, il me semble être le seul en capacité d’une telle opération.
Nous retrouvons ici une citation de Popper(P189 Eccles 1992)
Souvent ce que fait le peintre est étonnamment semblable .Il pose sur la toile une touche de couleur, puis recule de quelque pas pour juger de l’effet, soit pour l’accepter soit pour la rejeter et repasser sur la touche. Peu importe pour mon étude de savoir s’il compare l’effet avec un objet qu’il veut dépeindre ou avec une image qu’il porte en lui même, ou même s’il se contente d’approuver ou non l’effet produit. Pour décrire ce qui est important dans le cas présent Ernest Gombrich a eu cette excellente formule :“agir d’abord, assortir ensuite. “Sélection et comparaison se situent en suite. Le travail du peintre consistant à ajuster les deux versants d’une action à une perception.
A ce niveau d’observation où ce qui est détecté est l’activité électrique du cerveau, parfois du neurone par l ‘introduction de sondes intra cérébrales, il est possible de rapprocher les expériences de Libet, cité par Penrose
Libet s’intéresse à la mobilité et mesure ce qui se passe sur le cerveau lorsque l’ordre est donné de bouger un bras par exemple ;une zone du cerveau s’active et il faut entre 0,5 et 2 secondes pour le déclenchement du mouvement.
Lorsque la peau est stimulée il faut 0,5 seconde pour la prise de conscience, alors que le cerveau est renseigné en 1 /100 de seconde et qu’une réponse conditionnée peut s’obtenir en 0,1 seconde.
Enfin dernière expérience, il faut si le cortex est stimulé plus de 0,5 seconde pour en prendre conscience, alors que cela est beaucoup plus rapide pour la peau.
Maintenant si stimulant la peau , on stimule dans 0,5 sec qui suit le cortex ,seule la perception du cortex est retenue, à l’inverse si stimulant le cortex la peau est stimulée secondairement après 0,5 seconde deux sensations apparaissent ,mais le plus curieux est que la sensation de peau est donnée pour être la première.
On voit donc que la reconstruction du temps par le cerveau ne correspond pas à la réalité extérieure, premièrement il y a un retard de 0,5 seconde et une recomposition de la temporisation.
Cet ensemble nous amène devant la situation que ce que notre esprit nous présente est une reconstruction faite à partir d’un échantillonnage d’informations recueillies.
Cette reconstruction à une certaine isomorphie, une cohérence nous permettant d’inter-agir avec notre environnement dans notre sens en améliorant notre efficacité. Il n’est pas possible de réduire la subjectivité à ces erreurs d’appréciation, puisque généralement sous ce terme s’inclut aussi une dimension affective. Pourtant apparaît ici un facteur en rapport avec les particularités de fonctionnement du corps.
Ce qu’il nous plait à voir ce que nous trouvons beau est probablement une donnée visuelle qui s’accorde de façon optimale aux règles de fonctionnement du système. Ces règles sont préétablies par apprentissage et peuvent changer .“
Si nous restons dans le domaine des neurosciences en 2013 ED A Navire publie dans ce sens un article intitulé « L’art atteint à l’intérieur ; l’esthétique, le réseau de mode personnel et le réseau de mode par défaut ». En électro physiologie il a été individualisé le réseau neuronal concerné lorsque le sujet est en mode repos :DMN. Cette activité est automatiquement supprimée lorsque le sujet s’engage dans une tâche orientée vers l’extérieur (qui requière de la perception.) Une partie s’active lors du processus de décision affective (anticipation de récompense par exemple.) Ce réseau est aussi particulièrement connecté avec une autre région qui elle intervient dans le traitement mental de l’auto référence lorsque la personne doit porter attention vers l’intérieur.
Or la présentation d’un œuvre d’art sous forme d’un tableau peut parfois amener le recueil des potentiels électriques du cerveau semblable à celui de l’état de repos. Dans cette situation les sujets interrogés secondairement évoquent une expérience esthétique intense résonnance entre l’œuvre d’art et le sentiment de soi des observateurs, avec l’impression de comprendre l’œuvre, mais aussi le sentiment que l’œuvre les « comprend », exprimant leurs propres pensées, leurs sentiments ou valeurs les plus intimes.
Contrairement aux émotions auto-référentielles (fierté, honte) dans l’expérience esthétique la relation avec les autres n’est pas axée sur l’évaluation mais sur un sens de compréhension, de compréhension acquise et de sens
Cette expérience esthétique est le seul cas où est rapporté une co-activation du DMN et du système sensoriel induit par un stimulus.
D) quatrième approche : L’information circule.
Notre observation nous a mis sur la voie d’un cerveau qui ne se comporte pas passivement comme une pellicule photographique, ni même comme un appareil numérique où chaque récepteur ; pixel se trouve traité individuellement pour reconstituer l’image ,bien que secondairement des temporisations interviennent comme vous l’avez remarqué sur les couleurs, les contrastes .
Le cerveau est un organisme vivant et son activité commence au niveau de la rétine. Entre les photorécepteurs et les cellules ganglionnaires premières véritables cellules du cerveau siégeant dans la rétine, trois types d’inter-neurones s’interposent ; les premières, les cellules bipolaires(12 types), les cellules horizontales et amacrines. Ces cellules ne font pas que transmettre le signal des cellules photo-réceptrices aux cellules suivantes les cellules ganglionnaires, elles combinent les signaux de plusieurs photorécepteurs de manière à ce que les réponses électriques des cellules ganglionnaires ( 20 types) dépendent de manière précise des propriétés spatiales et temporelles de la lumière qui frappe la rétine. Un champ récepteur est déterminé circulaire pour la cellule ganglionnaire, il présente un antagonisme centre périphérie de deux types : centre “on “la lumière du centre les excitent la lumière en périphérie les inhibent. Il existe l’inverse cellules off, de plus elles répondent aux contrastes et aux changements rapides. Ainsi se trouve codé une gamme particulière du contraste des fréquences spatiales, temporelles, et spectrales, qui spécifient les contours dans l’acuité visuelle. Pour une information plus précise se référer à l’optique physiologique de Patrick Ferrand.
Pour la suite le l’activité se dirige par le corps genouiller
Canal magnéto cellulaire pour les variations de luminance
Canal parvo cellulaire détails fin et opposition colorée rouge / vert.
Canal konio cellulaire traite le bleu jaune .
Trois bandes de la voie principale vers le cerveau pour une transmission rapide efficiente du point de vue énergétique. Chaque champ va envoyer un message à une zone dédiée du cerveau. .Il y a une correspondance architectonique de colonnes de cellules entre la rétine qui envoie et le cerveau qui reçoit.
Chaque colonne reflétant chaque champ spatial, traitant chaque gamme de fréquence, chaque orientation de traits contour (voir Dehanne), chaque temporalité de variation. Alternant chaque œil. Il s’organise un réseau fonctionnel de neurones faisant un corpus représentationnel mobilisable.(il n’y a pas de cellule isolée spécifique d’1 visage par ex.
Le traitement de l’information.
Rovelli évoque la corrélation entre l’intérieur et l’extérieur. Elle est pertinente en ce sens biologique darwinien qu’elle affecte directement la survie. L’information pertinente est au fondement de la signification. Information relative au sens physique de Shannon. Le sens physique introduit les notions de codage, et d’entropie de la théorie de l’information. Rovelli P197
Il a été dit précédemment que le traitement de ce qui est reçu par la rétine se fait sur un modèle de perception de champs récepteurs (pour extraire les contrastes et permettre ainsi les contours) à partir des cellules bipolaires (premier relai après le récepteur). Elles transmettent des discontinuités qualitatives sur le mode de polarisation ou dépolarisation de membrane par le mode zéro crossing (forme d’onde par mode mathématique) et ceci à plusieurs échelles. Dans la suite, elles seront traitées par la cellule ganglionnaire sur la base d’un type calcul bayesien (statistique des différences de plusieurs points de réceptions de la cellule) pour en faire de l’information ascendante (Stanislas Dehaene) . Bitbol P636 dira il y a la toutes les chances que ce soit la base intime de la perception. (dérivera quantum byesianism interprétation subjective de la probabilité, idée ce que nous percevons du monde.)
Les signaux qu’elles (les cellules ganglionnaires deuxième relai)) adressent au cerveau portent sur la confrontation du résultat des différences entre ce qu’elles reçoivent des multiples récepteurs auxquels elle sont connectées par l’intermédiaire des cellules bipolaires, confronté à ce qu’elles ont prévu de recevoir (à partir de la situation précédente, d’informations descendantes,). Ce qui est prévu rencontre ce qui est reçu pour générer l’information ascendante. Cette information n’est donc plus un mode analogique réceptif, mais sur un mode de codage digitalisé de réponse tout ou rien des potentiels d’action du neurone.
Ceci pour économiser la quantité d’informations transmises. Elle est comprimée et organisée, elle représente. Ce modèle appelé par implémentation réduisant l’énergie libre (Friston) . C’est dire l’écart d’énergie entre le système de réception et le système calculé par le cerveau. La structuration ici en cours est négation de l’entropie.
Ce système se retrouve dans les relations hiérarchisées des modules depuis l’aire primaire jusqu’à l’aire secondaire, chaque module reçoit des informations ascendantes, qu’il confronte aux informations descendantes du niveau supérieur, adaptant ainsi continuellement la réception. L ‘hypothèse en est un auto encodage pour la construction de modèles algorithmiques de représentation fonctionnelle prédictif. Baumgartner (1986) formulera cette activité de la façon suivante :
« L’organisation du système visuel aboutit à une représentation de ce qui entoure l’individu. Cette représentation prend la forme d’un schéma dynamique d’activité de neurones .Il construit pour nous une réalité qui correspond à nos interactions avec le monde physique. »
Cette modalité respecte les contraintes d’homogénéités pour un minimum de pertinence Fisette. P 47 C’est ici qu’il est envisageable que ces schémas dynamiques soient à l’origine d’une morphologie qui serait reprise par les systèmes moteurs.
Voir Husserl cité par Bitbol P535 l’attente et le remplissement des attentes.
Ce référent sert-il aussi à constituer une mémoire ? Sert-il de base à l’apparition de l’image dans notre système conscient ? C’est probable. Reprenons Naccache le module visuel qui fait une synthèse tous les dixièmes de seconde entrera en relation avec les autres systèmes, d’abord sensibles, aussi moteur, en premier lieu interne émotion puis externe parmi lesquels cette capacité de mettre des mots . Alors une autre logique de l’information et d’analyse intervient pour la dynamique de production. Ce que sous-tend l’expression prise de conscience qui selon Naccache toujours s’effectue tous les 1/3 de seconde.
On trouve dans l’exposé de Dehaene le fait que lorsque la prédiction est parfaite, il n’y a pas de transmission au cortex. C’est justement ce qui est retrouvé dans l’expérience esthétique, comme l’avait montré Navire
Il existe aussi une théorie de l’émotion fondée sur la survenue d’une trop grande inadéquation entre l’entrée et le prévisible qui engendre alors la préparation d’une défense de l’organisme, peur par ex
Pour Jean Petitot La question se pose alors d’un lien entre la théorie morphologique naturaliste ici envisagée et la noématique , Question que s’est posé Merleau Ponty dans un cours du collège de France de 52 :Pour comprendre le lien entre sens noématique et gestalt (sémantique et morphologie) il faut une théorie de l’organisation des substrats matériels qui permette sur des bases physicalistes thermodynamiques et “cybernétiques“ les gradients morphogénétiques et la façon dont l’organisation réinvestit l’espace physique.
Topologie phénoménale, ou par catégorisations successives le langage et ses significations s’édifient sur les formes. Elles constituent un langage figuratif naturel moments figuraux dans le paradoxe d’une force lisible dans une forme.
Ce qui conduit à l’idéalité sémantique du noème perceptif s’édifie sur son idéalité morphologique. Ceci conduit à la fondation des qualités sensibles (ex contours couleurs) dans l’extension spatio-temporelle. Cela est réalisé par la rétine qui par le mécanisme du zéro crossing physique mathématique qui réalise un fonctionnalisme dynamique concernant l’émergence macroscopique de structures morphologiques, l’image doit ainsi pouvoir être organisée morphologiquement par un système de discontinuités objectives. La morphologie venant entre le continu physique et le discret symbolique.
Cet abord de la phénoménologie Husserlienne est celui propose par Petitot.
Ce qui veut dire que le cerveau a séquencé l’information de telle façon qu’elle devient compatible avec des dénominations.
Voir aussi Rovelli P208
Chalmers distingue bien ce qu’il appelle le problème fonctionnel de l’esprit qui discrimine, classe, intègre, qu’il considère comme facile et vis à vis duquel cet abord computationnel peut rendre compte . A coté, un autre problème celui de la conscience est beaucoup plus difficile à aborder.
Pour cela, il fait intervenir la relation à l’autre qui donne à ce système computationnel une double source, celle de l’expérience phénoménologique personnelle, et celle du rapport de l’expérience phénoménologique d’autrui. La recherche du lien entre les deux constituant un des objectifs dans un double principe celui des cohérences structurales et de l’organisation d’invariances.
Chalmers soutient qu’à un certain niveau computationnel apparaît émerge ainsi la conscience.
Il remarque que même si il est possible de changer la matière de la calculatrice, le résultat perdure comme pure phénoménologie du concept.
Reste et cela paraît le point fondamental le coté édénique de la perception phénoménale, c’est-à-dire ce qui cause en nous une expérience. Cette possibilité qui entre comme phénomène subsumptif, c’est-à-dire que nos états de consciences à tout moment sont nécessairement limités à un monde unifié. Nous retrouvons cet aspect scintillant d’une mise en événement qui n’est pas sans rappeler l’esthétique dans sa qualification première : aiesthésis.
E) cinquième abord: Mécanismes au niveau chimie moléculaire :
Comme on le voit à partir du moment où le rayon pénètre dans la cellule réceptrice le régime physique cède le pas au régime des fonctionnements biologiques.
Histoire de ce capteur de lumière
Dans le cours de la phylogénèse, les récepteurs de lumière ont d’abord servi pour faire de l’énergie, tous n’ont pas été vers la capacité de former une image, tous ne sont pas sensibles au même nombre de couleurs. Cela peut aller de une le bleu (des poissons) à quatre avec les UV (les serpents). Nous en avons trois : Bleu vert rouge. Il apparaît que l’influence de l’environnement lumineux est déterminante, mais aussi de l’influence alimentaire, qui procure le pigment récepteur, le chromatophore.
La réception de la lumière se fait au niveau du chromatophore (vit A ) il y en a aussi chez les bactéries par exemple .Dans l’œil elle est associée à une opsine qui filtre la longueur d’onde. Cette opsine est une protéine codée génétiquement, nous en avons 4) (Cette association appelée Rhodopsine constitue le pourpre rétinien.) Cette rhodopsine va se transformer à son tour pour déclencher un second messager avec une cascade d’activation.
Premier instant capital puisque c’est la rencontre d’une énergie physique portée par l’onde électro magnétique qu’est la lumière, avec le vivant, le biologique. C’est l’occasion d’une transformation en partie de cette énergie en informations, mais il semble qu’une perte existe par suppression des informations superposées : entropie, pour permettre une mise en circulation selon les lois de la biochimie.
Dans le détail le chromatophore cis 11 change de forme en trans, cette modification entraine celle de l’opsine qui perd un proton et qui augmente de volume. Par un effet à fois mécanique et électrique, elle va déclencher un intermédiaire qui va bloquer les canaux sodium de la membrane du récepteur et permettre ainsi un potentiel de membrane vers le neurone suivant.
Si l ‘énergie du photon est utilisée pour cela à environ 50% je ne sais pas ce que devient l’autre50%. Mais une seule modification du chromatophore et par conséquent de l’opsine va influer sur un grand nombre d’intermédiaires, d’où une amplification.
Ce que le récepteur émet sur sa membrane tient compte probablement des différents disques concernés. On sait qu’il est directement sensible aussi dans sa réponse à l’orientation du flux de lumière, il faut qu’il soit bien perpendiculaire pour une réponse fournie.
Le neurone ganglionnaire suivant nous l’avons vu répond par un potentiel d’action axonique à la suite d’une opération de codage des différents signaux de membrane reçus selon une méthode de traitement des différences que nous avons envisagé sur un modèle mathématique pour comprendre sa réponse d’émission.
La encore ce potentiel d’action prend la forme d’un potentiel électrique qui chemine le long de l’axone pour arriver au suivant. A ce moment le potentiel agit sur la terminaison qui cette fois libère des substances chimiques contenues dans des micro vésicules accolées à la parois qui s’ouvre pour les libérer se fixer sur les micro sites récepteurs d’une autre cellules et initier ainsi un nouveau calcul avant l’envoi à son tour d’un potentiel d’action.
F) sixième approche : Nous sommes là dans la biochimie et la physique quantique paraît bien loin.
Où la placer ?
Faut il renoncer à la physique quantique dans l’approche du devenir de l’information dans le cerveau ?
La théorie de la décohérence a pour particularité de faire intervenir l’environnement constitué de tout ce qui baigne les objets, par exemple l’air dans lequel il se propage, où si l’on fait le vide le rayonnement ambiant.
Elle démontre que c’est leur interaction avec leur environnement qui fait rapidement perdre aux objets macroscopiques leurs propriétés quantiques ; Tout se passe comme si des bribes d’information sur leur état quantique s’échappaient continument dans leur environnement. .
Ce dernier agirait comme un observateur qui mesurerait les systèmes en permanence éliminant ainsi toutes les superpositions à l’échelle macroscopique donc aussi les interférences, Il engendre bien là une cohérence. Étienne Klein dans petit voyage dans le monde des quantas P163 Flammarion.
Pourtant il y a bien cet endroit de la rétine, (partie du cerveau) où l’activité se déroule au niveau quantique (le récepteur peut être sensible dans le noir à un seul photon.) Roger Penrose Mathématicien soutient l’idée qu’il est raisonnable de penser qu’il existe bien dans l’intérieur du cerveau d’autres neurones qui seraient aussi sensibles à des évènements quantiques isolés, bien que jusqu’alors les cellules isolées nécessitent un grand nombre de quantas pour se déclencher.p437
Eccles P253 évoque que les mécanismes synaptiques par lequel une cellule nerveuse communique avec une autre par l’intermédiaire des microsites, se situerait à une échelle où s’appliquerait le champ des probabilités quantiques. Pour aller vers l’hypothèse que l’inter action esprit cerveau est analogue à un champ de probabilité décrit par la mécanique quantique, champ qui ne possède ni masse ni énergie et peut cependant dans un microsite causer une action qui a des effets. Bien entendu dans le cas où la molécule de la vésicule est assez petite pour répondre au principe d’incertitude de Heisenberg. Il en faudrait un grand nombre, mais celui ci est possible par le nombre de neurones pour que cela arrive à un effet.
Accepter cela c’est entrer dans un nouvelle organisation prévisionnelle de la réponse qui remet en question la causalité, la logique linéaire de la prévision. Ce qui faisait que Penrose soutenait que le cerveau ne se comportait pas comme un ordinateur sur une base algorithmique.
Nous le voyons nous ne sommes plus guère avancé, c’est le moment de procéder à un renversement de perspective pour s’intéresser à la perspective méthodologique.
L’infiniment petit reprend, la question du continu discontinu, de la distribution de l’énergie en posant une dualité onde particule. Heisenberg, Schrödinger y arrivent par une approche imaginaire à partir des nombres complexes.
Situons le problème :
Plank dans sa compréhension des phénomènes observés d’intensification des ondes électromagnétiques par chauffage constate que l’énergie nécessaire est différente pour chaque fréquence, et multiple d’une constante.
E=hf
h étant la plus petite quantité qualifiable.
Si bien que plus la fréquence est élevée plus grande est la quantité d’énergie à apporter pour l’intensifier.
Einstein évoque la question de la vitesse de la lumière comme indépendante de la vitesse de la source d’émission, c’est ainsi que se défini l’espace temps.
Il évoque la possibilité de quanta d’énergie lumineuse
Bohr propose une structure de l’atome faite d’un noyau et d’électrons en orbite.
C’est à Heisenberg que revient la tâche d’étudier la variation de lumière émise par un corps noir chauffé : ex du jaune au violet.
A ce moment les lois de la physique habituelle et le schéma de Bohr ne permettent pas de faire le calcul lorsqu’elle se fonde sur des valeurs de vitesse et d’énergie.
Heisenberg va reprendre le problème à partir des quantités observées pour envisager leurs relations. Voilà ce qu’il annonce dans son article princeps :
« Le but de ce travail est de jeter les bases d’une théorie de la mécanique quantique fondée exclusivement sur des relations entre grandeurs en principe observables. »
Nous voici dans l’empirisme classique ; le monde de la connaissance se situe dans la façon dont nous organisons les sensations. p 147 Mach. Bogdanov apporte la précision suivante : « les sensations ne sont pas dans « notre esprit » ce sont des phénomènes du monde : la forme sous laquelle le monde se présente au monde. » P151
Il a l’intuition de remplacer les nombres (position vitesse énergie fréquence) des propriétés physiques des particules par des tableaux de nombres selon des variations matricielles dans le temps. Les calculs sur ces matrices sont élaborés à partir des nombres complexes ou imaginaires qui deviennent les composants fondamentaux de la mécanique matricielle, quantique, les amplitudes et la probabilité. (Penrose P469) .
Cette loi mathématique derrière le désordre des apparences constatées par nos mesures vient proposer des résultats qui seront corrélés par l’expérimentation.
La mécanique matricielle prolonge le modèle de Bohr (celui des atomes) en décrivant la manière dont se produisent les sauts quantiques, en interprétant les propriétés physiques des particules comme des matrices évoluant dans le temps. Même loi que la physique classique mais les variables sont remplacées par des tableaux de nombre ou matrices.
Si bien qu’il n’est pas possible d’inverser le produit vitesse Masse (P) et position(X) qui ne sont plus des nombres mais des tableaux.
XP-PX=i h/2pi .
Cette théorie de Heinsenberg (ligne et colonnes des matrices) correspond directement aux valeurs individuelles granulaires que prend l’énergie telles que les a calculées Plank. ? Elle rend compte aussi bien de l’effet photoélectrique, des phénomènes de répartition de chaleur entre les fréquences et bien d’autres phénomènes quantiques. Cependant Bohr pourra écrire :« Le concept d’état stationnaire et de processus individuel de transition possède autant de réalité ou aussi peu que les particules individuelles elle mêmes. »
Cette description se pose équivalente à la formulation en terme d’onde de Schrodinger base de la notation bra-ket de Paul Dirac de la fonction d’onde.
H(t)/ PHI(t)>=ih sur 2 pi d/dt/phi(t)>
L’onde de la mécanique ondulatoire est une description sans être une description de. Elle est l’instrument central du calcul probabiliste de la théorie quantique.
Elle repose comme la mécanique matricielle sur les nombres complexes mis au point sur un artifice mathématique de racine de moins un qui ne se comprend pas.
Si les nombres réels peuvent s’inscrire dans une sorte de ligne droite 1 2 3 etc le nombre complexe se place hors de cette ligne et son écriture est la suivante
Z=X+iY ( plan d’Argand)
Simple image mental ou candidate au rang de représentation de la réalité ?
C’est J Martin dans la suite de Penrose qui montrera les points de capiton des parcours mathématiques et d’un réel subjectif.
L’observation :
Le recueil sensible, Le moment de la division entre le continu des ondes, et le discontinu réel, pose lieu et temps arbitraires. Relativité épistémique
P43 R Born comprend que la valeur de l’onde PHI de Schrödinger en un point de l’espace détermine la probabilité d’observer l’électron en ce point.
Si un atome entouré de compteurs Geiger émet un électron, la valeur de phi là où il y a un compteur détermine la probabilité que ce soit ce compteur et non un autre qui révèle l’électron. Même chose pour la mécanique des matrices, qui fournit aussi des probabilités.
Là c’est l’homme qui place le compteur. Dieu joue-t-il aux dés ?
Nous sommes au moment de la division entre le processus physique continu (u) qui concerne le système (onde) et l’acte discontinu d’observation (R). Le lieu et temps de cette coupure imposé ont nécessairement une part d’arbitraire.P534 BITBOL.
Merleau Ponty « Le problème posé par la physique se rapproche du problème de la perception. La dualité du corps et du champ fait penser à la dualité du processus perceptif tout à tour global et attentif. »P535
On verra que pour le qbism cette coupure n’a pas lieu dans la mesure ou elle ne fait que donner la base à une reformulation des évaluations.
Pour Merleau Ponty cette situation d’engagement caractéristique de la mécanique quantique est selon lui notre situation d’incarnation.P540
« Il est moins inapproprié de traiter le monde comme une grande extension de notre chair que comme un grand objet ? » P 541
Bitbol La seule découverte Quantique est d’ordre du négatif: Nulle réalité n’est dissociable de son attitude à se montrer à un être qui en participe.
Espagnat P601 va jusqu’à dire aucune représentation spatio-temporelle de l’hypothétique réalité « en soi »ne tient face à la critique exercée par la théorie quantique ; ni champ, ni particule, ni continu, ni discontinu, ni étendu ni localisé.
P 619 Bitbol
Nul monde, nulle réalité n’est dissociable de son attitude à se montrer à un être qui en participe.
Lorsque la physique quantique montre que la tendance à s’évader hors de soi bute contre la trace omniprésente de soi dans le dehors, elle remet en question le projet naturaliste qui retient de nous un objet naturel pour notre science biologique. Il n’a permis le retour sur soi qu’à condition de se prendre soi même pour un autre.
Il n’a reconduit toutes les questions à celle d’une nature inerte et non sentante qu’en traversant négligemment nous vivant et sentant qui en sommes.
Cela rend illisible l’aboutissement quantique de la science de la nature.
P 604 Ce qui fera dire à D’Espagnat qui pourtant est encore réaliste :
« Si l’on veut se rapprocher de la réalité, du seul point de contact intime que nous entretenons avec elle, il nous faut revenir à l’expérience et à des disciplines qui travaillent directement sur et dans l’expérience, faire coopérer la physique avec d’autres formes de savoir non objectivantes non dualistes : les beaux arts. »
La démarche scientifique pour elle même a une dimension esthétique particulièrement présente. Hadamard soutient que dans l’intuition ‘Einstein Heisenberg, les critères esthétiques jouent énormément.
« L’invention est un choix directement gouverné par le sens de la beauté et que la conscience n’en est pas pour autant directement incriminée. » Telle est la formulation de Penrose.
La mise en expérience relève du mouvement ; pour l’artiste la mise en œuvre, pour le chercheur : action de mise en place, qui d’un coup révèle l’exactitude d’une pensée. Il arrive même que la révélation d’une vision de l’acte soit suffisante pour initier ce moment particulier ressenti.
Peut –on rapprocher cette mise en exposition dont parle Coccia dans un article récent : « Le monde s’expose pour le meilleur. » « Quel dialogue se tisse dans chaque lieu d’exposition entre les différentes pièces exposées ? Comment chaque objet donne-t-il vit à un monde alternatif qui brille précisément par sa nature éphémère ? Place aux miracles ! Est-ce ce moment l’intuition créatrice du chercheur qui patiemment a réunit les données du problème qu’il affronte ?
Bien décrit pour Poincaré, Penrose relate aussi ce vécu. Il cite l’exemple qu’en montant une marche il ressent ce qui se présentera à la réflexion la source d’une satisfaction persistante. En évoquant ce moment, lui vient à l’esprit ce qui constituera pour lui la solution au problème de l’asymétrie des trous noirs.
Heisenberg dira du moment de son intuition : « j’étais profondément troublé j’avais la sensation de regarder, à travers la surface des phénomènes vers un intérieur d’une étrange beauté ; je me sentais étourdi à la pensée que je devais maintenant explorer cette nouvelle profusion de structures mathématiques que la nature déployait aussi généreusement devant moi. »
Même si nous retenons ce que Nietzsche peut en dire : « Le prédicat beau exprime la “vanité de l’espèce.“ » « L’homme se mire dans les choses et tient pour beau ce que lui renvoie son image. »(p69) il montre le chemin de ce qui va se dévoiler merveilleusement : que « l’idée est tombée dans le monde sensible, elle ne trône plus dans l’au-delà des dieux, elle a sombré dans la matière, comme la roue D’ixion que Shakespeare fait rouler en enfer. » Cette phrase dans la conclusion de J Martin prend place après l’énoncé de la superposition des zéros de la fonction zéta de Rieman avec les niveaux d’énergie dans le champ d’un atome p415.
Conclusion.
Ce moment où tout apparaît à son exacte place dans une sensation d’équilibre de calme, est configuré différemment, et de fait accessible à chacun.
Qu’il soit chercheur, marin, musicien, dans cette expérience surgit ce qui faisait potentiel, la vie en constituant un versant. Potentiel qui de surgissement en surgissement se déploie se complexifie.
Par ailleurs en nous focalisant de la sorte sur l’expérience esthétique, nous entrons dans les repères de la philosophie spéculative telle qu’elle intensifie à son point ultime l’importance de l’expérience
(Didier Debaise à propos de Whitehead).
Intensification sur deux registres :
• La facticité, et la valeur. Deux dimensions, l’une chimérique et l’autre abstraite mixte qui constitue l’expérience concrète.
• L’importance se dégageant de l’intérêt. L’une : perspective imposée à l’univers des choses senties ; l’autre se trouve localisée. L’importance, sentir ne relevant pas d’une référence de conscience ou de l’intentionnalité.
Philosophie spéculative ou réalisme spéculatif, encore appelé ontologie orientée objet, ou encore nouveau réalisme (Hicham Stéphane). Elle se prolonge chez Graham Harman et Gabriel Markus.
Pour en arriver à aller au delà de la thèse corrélationniste comme fondement des principes de connaissance et aller au delà : vers une enquête ontologique. (posant le principe d’une Réalité avec un grand R)
Accéder à la chose même, Graham dira : il en est ainsi en amour. Ce qui permet d’accéder aux autres objets qui ne se conforment pas aux critères de la matérialité ou de la substantialité. Nous l’avons évoqué pour l’expérience esthétique.
Remise en question du « un du monde » vis à vis de l’univers au profit d’une coexistence des champs de sens pour penser avec Josselin Benoist « qu’il n’y a pas d’usage universel légitime de la notion d’existence. » Celle-ci devant être toujours relativisée à un certain domaine ontologique.
Pour en arriver avec la philosophie quantique à remettre en question cette possibilité d’une réalité indépendante, le QBism reconduisant alors toutes les dualités épistémologiques. Michel Bitbol vient à citer pour cela C Fuchs (P283) « Dans le QBISM l’élément de réalité est l’expérience, qui contient l’appariement entre le sujet faisant l’expérience et l’objet de l’expérience à titre de structure interne. » Bitbol souligne que « l’apparaître n’est pas le point de départ d’une connaissance tendue vers les apparaissants, mais l’étoffe même de la réalité à connaître, et dans lequel l’expérience vécue n’est pas le lieu où se donne les objets supposés extérieurs à elle, mais le sol originaire d’où surgit la dualité entre sujet de l’expérience et objet expérimenté. »P283
Rovelli P206 Il n’y a pas de perspective interne au monde, partielles, qui ne se reflète mutuellement, phénomène d’un complexe d’inter action, la vie organise l’information relative. Peut-on considérer les qualia sous cet angle ? Avant de considérer la question posée après : Qu’est ce que la phénoménologie de notre conscience ? Si ce n’est le jeu de miroir des informations pertinentes contenues dans les signaux portés par nos neurones.
C’est toujours de Carlo Rovelli dans ses citations de Nagarjuna ( du II siècle ) philosophe indien que peut se trouver un aboutissement de la thèse que : « Rien ne possède d’existence en soi, indépendante d’autre chose. » et Rovelli ajoute « “je “n’est rien d’autre que le vaste ensemble interconnecté des phénomènes qui le constitue. » Ce retour au deuxième siècle nous renvoie à la période précoce d’élaboration des grands textes religieux Bhagavad gîtâ Bible Coran Talmud.)
Bibliographie :
H.S.Afeissa Les habits neufs des nouveaux réalistes site : nonfiction/fr
M Bitbol Philosophie quantique Le monde est il extérieur ?éditions Mimésis 2023
R Brown David Chalmers on mind and consciousness source internet
A Clark Prédictive brains , situated agents, and the future of cognitive science éditions en ligne de Cambridge university Press
E Coccia Le monde s’expose pour le meilleur Libération Samedi-dimanche 9 mars 2024-04-
J. C. Eccles Évolution du cerveau et création de la conscience éditions Flammarion 1994
P Ferrand Optique physiologique. Recherche internet.
D Fisette et P Poirier Philosophie de l’esprit éditions Vrin 2000
J. Martin Et Dieu joua aux dés éditions PUF 2023
E.A.Navire Gabrielle Star N. Rubin l’art atteint à l’intérieur :l’esthétique, le réseau de mode personnel et le réseau de mode par défaut. Bibliothèque NLM
L. Naccache Le cinéma intérieur éditions Odile Jacob 2020 F. Nietzsche Crépuscule des idoles éditions Gallimard collection Folio essais
F. Nietzsche Crépuscule des idoles éditions Gallimard collection Folio essais
R Penrose L’esprit l’ordinateur et les lois de la physique inter éditions 1992
J Petitot Phénoménologie naturalisée et morphodynamique :la fonction cognitive du synthétique à priori Intellectica,1993
C Rovelli Helgoland Le sens de la mécanique quantique éditions Flammarion collection Champs sciences 2023